Jamais au grand jamais je n'aurais pensé être l'auteur de cet article un jour et pourtant, c'est bien moi, qui suis là devant mon clavier à prôner un état auquel j'attribuais une connotation plus que négative, au même titre que la paresse ou la fainéantise.
Je ne sais pas si ce sont les claques de la vie, ou bien une espèce de sagesse qui s'installe au fur et à mesure que les années passent mais je pratique l'oisiveté depuis peu, et ça me fait un bien fou, !
Et j'arrive à te le dire sans aucune honte ni culpabilité !
L'oisiveté comme valeur et non comme paresse
Bah oui, parce que depuis toute petite, sûrement à cause d'un papa qui ne supportait pas de nous voir, mon frère et moi, profiter du temps , je ne savais pas à quel point ça pouvait être agréable et bénéfique de ne rien faire.
Jusqu'à il y a peu encore, je culpabilisais de me poser en me disant " il y a encore ça à faire, et ça, et ça, tu n'as pas le temps de flâner ! " et puis ça m'agaçait de voir les autres se prélasser ( avec plaisir en plus ) alors que moi, une tonne de tâches m'attendait !
J'avais le don de faire des listes impressionnantes de choses à réaliser, et dans la journée tant qu'à faire ( j'étais une adepte du "ne jamais remettre au lendemain ce que l'on peut faire le jour même ! ) ....... Rien de tel pour te mettre une pression terrible.
Il est clair que j'éprouvais un réel sentiment de satisfaction et d'accomplissement le soir quand je faisais le point, car étant stricte avec moi-même, je ne me laissais pas le choix que d'avoir tout fait, et parfaitement ...........Mais au détriment de mon bien-être et de mon bonheur.
Toujours dans le speed, ne pas savoir dire non, vouloir faire plaisir à tout le monde, être sur tous les fronts.............Je me suis complètement oubliée et mise de côté en refusant de me prélasser ne serait ce qu'un instant et de prendre du temps pour moi et mon plaisir.
J'étais du genre à détester que l'on m'offre un massage pour mon anniversaire parce qu'une fois sur la table, j'avais vraiment l'impression de perdre mon temps; pour moi, le temps se devait d'être productif.
Mais il n'y a pas que l'éducation et le passé familial qui sont responsables de mon comportement.
La société de consommation que nous avons contribué à créer, n'aide pas à savoir prendre du temps, à profiter du temps qui passe et surtout à le conscientiser.
Les notions de travail, de performance et d'excellence sont tellement ancrées dans nos mentalités que ne rien faire est tout simplement impensable.
En imposant une espèce de norme sociale, bosser pour gagner de l'argent, avoir une belle maison, une belle voiture, partir 1 semaine au ski l'hiver, 2 semaines au soleil l'été, et bien tels des moutons de panurge, nous obéissons à des codes dans lesquelles la flânerie, l'insousciance et la contemplation n'ont pas leur place.
Car sans cesse, nous voulons avoir "plus ", nous voulons avoir "mieux ", mais est ce que posséder "plus " et "mieux " rend vraiment heureux ? That is the question !
Parce que sincèrement, j'ai le sentiment qu'un grand nombre de personnes procèdent ainsi sans vraiment avoir chercher à savoir si c'était ce dont ils avaient réellement envie, réellement besoin.
Et bien moi, j'ai fini par me la poser cette question !
Un peu par la force des choses, quand la vie m'a giflée de façon magistrale il y a 2 ans, je n'ai pas eu le choix que de me retrouver face à moi-même ( et je ne te cache pas que c'est quelque chose que je redoutais ).
Et une bonne auto-analyse passe forcément par le "ne rien faire "
L'oisiveté pour mieux se connaître
J'ai connu des gros pépins de santé, j'ai manqué de passer l'arme à gauche à la naissance de mon fils, mon enfance n'a pas été aussi heureuse qu'elle aurait dû l'être, j'ai connu et vécu la méchanceté avec un grand M, mais tout ça m'a donné une rage et une force de vivre, une joie et un optimisme à tout épreuve, beaucoup d'empathie et de bienveillance à l'égard des autres.
Mais si finalement, ce besoin impérieux de toujours être en action était un moyen pour moi de cacher mes faiblesses, mes doutes, et mes peurs ?
J'ai compris d'une part que, inconsciemment, ne rien faire était pour moi une source d'angoisse terrible et que faire me permettait de ne pas me confronter à moi-même...........Compliquée la fille !
Faire m'aidait sûrement à combler un vide, un manque et me permettait aussi de me prouver et de prouver aux autres que j'avais de la valeur ( encore une fois, merci l'héritage familial 🙂 )
Tu m'étonnes que la flânerie me foutait les boules !
C'est en étant assise à ne rien faire si ce n'est laissser les images, les mots, les pensées vagabonder dans mon esprit que j'ai pu tirer ces conclusions et faire une sorte d'état des lieux de mon moi.
J'ai appris ainsi à mieux me connaître, à prendre conscience de ce que je voulais vraiment, de ce que je ne voulais pas, de ce qui me rendait vraiment heureuse, j'ai pu définir des priorités, choses que je ne savais absolument pas faire, bref un soupçon d'oisiveté contribue pleinement, selon moi, à l'épanouissement personnel.
L'oisiveté, boosteur de bonheur
L' oisiveté est aussi pour moi une excellente solution face à cette hantise que j'ai du temps qui passe...........A toujours être dans l'action, nous n'avons plus conscience du temps à proprement parler; on ne cesse de dire que le temps passe trop vite parce qu'on ne prend pas le temps de savourer ce temps qui s'écoule.
On planifie, on organise, on prévoit, on se projette.........." Vous avez un week end de libre pour venir dîner ?................Euh, les week end des 3 prochains mois sont déjà pris............"
Tu m'étonnes que le temps passe vite !
J'ai découvert le "ici " et "maintenant " qui me permet de conscientiser le temps : observer mes enfants dormir jusqu'à en être rassasiée, m'arrêter simplement pour écouter un oiseau chanter, contempler la danse des flammes dans la cheminée, offrir mon visage au soleil et sentir la chaleur de ses rayons,m'émerveiller face au spectacle d'un coucher de soleil............il est impossible de savourer pleinement si l'on ne ralentit pas, si l'on est toujours dans l'action........Pour jouir véritablement, il faut être dans la pleine conscience et savoir s'arrêter, se mettre en stand by, ne rien faire.
Ne rien faire, flâner, paresser, profiter, contempler, rien de tel pour améliorer son bien-être et son bonheur.
Prendre le temps de faire une pause, profiter consciemment du ici et du maintenant, faire des choses pour soi rien que pour soi et son plaisir aident fortement à réduire le stress.
Je me sens plus détendue, je gère beaucoup mieux les difficultés ou tout du moins elles ne m'atteignent plus de la même façon, je relativise encore plus qu'auparavant.
Et puis, au final, je me trouve plus productive et plus performante dans ce que j'entreprends, je vais davantage à l'essentiel, je m'éparpille beaucoup moins, j'ai une autre énergie.
D'ailleurs, les livres de psychologie enfantine prônent l'importance de l'ennui chez l'enfant pour leur développement personnel, leur bien-être, pour stimuler leur imagination et développer leur créativité.
J'ai toujours refusé que mes enfants cumulent les activités extra scolaires, je veux qu'ils prennent le temps de vivre, de profiter, de jouer, de s'émerveiller, de rêver, d'inventer, de buller............
Et désormais, ces règles s'appliquent aussi pour moi.
J'aime tous les jours faire une pause pour savourer, m'écouter, ressentir; je reprends des cours de danse, non plus dans un but de performance mais pour moi, je cours non pas pour faire un chrono ou me lancer dans la compétition mais simplement parce que je sens que ça me fait du bien physiquement et moralement, quand je suis dans un livre et qu'il me prend l'envie de poursuivre ma lecture dans la journée, et bien je n'hésite plus, si je peux le faire, à mettre ma journée de travail en mode off durant quelques instants.
Certes, ma maison n'est plus aussi parfaite, je gagne peut-être moins d'argent, ma vie sociale n'est plus aussi dense, je fais moins de choses mais après avoir vécu mille vies en une seule, aujourd'hui je jouis de ma vie !
L'oisiveté est devenu une nécessité à mon bien-être en contribuant pleinement à mon équilibre physique et psychologique au même titre que le sport.
Et je pense ne pas me tromper en affirmant qu'un zeste d'insousciance, un brin de flânerie, et un soupçon de contemplation, c'est excellent pour le bonheur 🙂 !.............Non ?
5 Petits mots doux
Bonjour Jenny,
Nous avons pu nous retrouver dans quasiment chaque phrase de votre article ! Le « ne jamais s’arrêter », « faire plaisir aux autres », l’exigence avec soi-même de toujours se faire des listes sans fin et vouloir les réaliser à tout prix. C’est sûr, on accomplit beaucoup de choses mais on ne profite pas vraiment du temps présent et on s’en rend compte que lorsque le moment est passé…
Bref, nous aussi, cette conscience du trop, toujours, tout le temps, sans arrêt nous a touché à l’arrivée de notre premier enfant et s’est intensifié avec le deuxième. Nous aspirons désormais à ralentir, profiter, respirer avec eux, entre nous et avec nous-même. Ce sont ces moments de bien-être que nous installons maintenant dans notre quotidien et que nous voulons transmettre aux autres via notre blog http://moments-de-bien-etre.com pour qu’ils puissent, eux aussi, chaque jour appuyer sur pause et prendre conscience de ce qui les entoure. En plus, plus on pratique ces moments de pause et de bien-être pour soi, plus on est efficace (aussi bien dans son moment de pause, c’est-à-dire que l’on décroche plus vite et cela il nous procure de plus en plus de bien-être, que dans les occupations qui suivent ce moments.) On y devient accro 😉 Alors, n’hésitons plus à nous « pauser » et à nous ! faire du bien, bonne pause à tous !
Fanny et Julien
Et bien je suis ravie de lire parmi mes commentaires des témoignages de personnes qui ont vécu ce que j’ai vécu !
Bravo pour votre blog, c’est avec grand plaisir que je mets le mien à la disposition du votre, car nous tenons le même discours.
Et comme le bien-être de mes lectrices est une de mes préoccupations majeures, alors nous avons des choses à faire ensemble !
Ah, que cela fait du bien cet article, dans ce monde où il faut faire tout, vite et parfaitement.
Le lire m’a permis de faire une pause.
Alors un grand Merci!
Très bel article qui m’a beaucoup touché !
Bel article, je suis tout à fait d’accord. J’ai appris également à prendre le temps et je laisse plus de temps à mes enfants pour faire ce qu’ils veulent. Je fais toujours pas mal mais ce qui m’aide surtout c’est de ne pas avoir l’esprit encombré de choses qui ne me servent à rien. C’est dans ma tête que ça se passe essentiellement.